Entre étangs et montagne, Hérault et Vidourle, des abords immédiats de la ville jusqu’aux premiers contreforts du Massif central, s’étalent les hautes garrigues montpelliéraines, carapaces calcaires ouvertes aux vents de la mer et des Cévennes. Terre de variétés et de constrastes, ce pays des garrigues procède de la géographie physique, mais aussi et surtout de l’histoire de ses hommes. Évoquer la garrigue, vouloir l’expliquer, c’est essayer de comprendre avant tout comment l’homme la perçoit, l’utilise... ce qu’elle représente pour lui et ce qu’il veut en faire. Savoir comment il l’intègre à son espace de vie, à son territoire.

En quoi les hautes garrigues montpelliéraines sont-elles un espace mental ou imagé, un espace social, un paysage réinventé ou un territoire que revendique le citadin ? Quel sens prend ce territoire lorsqu’il se trouve confronté à la proximité d’une métropole régionale en expansion. Qu’est-ce qui fait d’un espace physique dénué de significations, un espace chargé de sens, espace vécu, espace subi aussi, mais jamais neutre ?

La problématique des représentations s’attache ici à mettre en évidence les désirs et les regards qui donnent un nouveau sens à l’espace. L’émergence d’une « nouvelle garrigue » au nord de Montpellier met en lumière un basculement des représentations, entre répulsion et séduction. La garrigue est manifestement sans aucun intérêt jusqu’à ce que le regard extérieur la perçoive autrement et trouve dans cet espace paradoxalement vierge et fécond, la réponse à tous ses désirs.

Dès les années 1970, le renversement s’amorce et autorise un nouveau regard. Le désir de garrigue naît progressivement avec le désir d’espace. L’espace « Garrigue », paré jusqu’ici de valeurs et d’images négatives et plongé dans l’indifférence et l’ignorance du monde qui l’entoure, est réinvesti, sous toutes ses formes, pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : un espace convoité et approprié.